rénovation d'une ferme aux reussilles

nous sommes aux reussilles, porte des franches-montagnes. en fait, nous ne sommes pas au milieu des reussilles mais au milieu des prés. l’adresse est sans équivoque. bordée de part et d’autre de champs, cette ancienne petite ferme trouve, en limite de parcelle sud, la ligne ferroviaire des CJ. on y accède par un chemin blanc, chemin généreusement fréquenté par les promeneurs, cyclistes et cavaliers les jours de beau temps. la date de construction de la bâtisse ne nous est pas connue. on imagine, au regard de la documentation, de la typologie et des détails de construction, que celle-ci doit avoir environ 170 ans. les photos retrouvées montrent l’évolution des façades au fil des années. on notera, par exemple, l’évolution de la façade sud avec ses lames en bois.

à l’est, l’organisation des ouvertures était également différente de celle que l’on connaît aujourd’hui. à ce jour, rien n’explique ni pourquoi on a bouché certaines ouvertures par la suite, ni quand cela est intervenu. néanmoins, on notera une cohérence certaine dans la disposition architectonique des portes et fenêtres qui ont été aménagées par la suite et qui sont restées depuis.

au corps principal de la façade sont annexés, au nord, deux volumes. le premier comprend un poulailler, le second servait (et sert encore) de stock à fagots. détaché du bâtiment, au nord de la voie d’accès, le grenier historique est caché, emballé dans une enveloppe réalisée après coup. le toit devait menacer de s’effondrer : on a préféré construire autour.

la situation telle que décrite précédemment est celle qui était connue avant 2014, année où les nouveaux propriétaires ont entrepris des rénovations. en effet, jusque-là la maison avait servi de ferme, avec une typologie que l’on connaît pour ce genre de bâtiment. les anciens propriétaires, qui avaient grandi là, se partageaient la maison, devenue résidence secondaire depuis quelques années. une rénovation datée des années 1990 avait amené un confort somme toute spartiate.

la réalisation de cette première transformation était surtout le fruit d’une synergie avec la réfection de la toiture, Lothar étant passé par là…

en 2014, le nécessaire a été entrepris, de manière à pouvoir y accueillir une famille à l’année avec le « confort standard » que l’on trouve aujourd’hui. en façade, pas de grands chamboulements.

à l’est, l’ancienne fenêtre bouchée jusque-là a trouvé une nouvelle fonction : porte d’entrée principale.

au sud, la porte fourragère a laissé place à une porte-fenêtre permettant une liaison entre le salon et la terrasse.

la boiserie située sur la partie supérieure a été traitée en claustra, amenant une lumière généreuse dans l’espace dédié aux diverses activités des enfants.

sacrilège ou pas, les fenêtres en mélèze naturel sont dépourvues de croisillons. pourquoi tolérer des croisillons collés sur des fenêtres en plastique venues d’au-delà de nos frontières alors que des entreprises de la place travaillant le bois sont à même de présenter des solutions élégantes et actuelles ? le débat est lancé mais du point de vue des propriétaires, le dialogue entre les anciennes embrasures et les nouvelles fenêtres fonctionne. la précieuse lumière du soleil n’est ainsi pas obstruée et les clairs de lune n’en sont que plus appréciables.

le bâtiment étant situé hors zone à bâtir, l’agrandissement des zones chauffées intérieures s’est fait à raison d’un suivi strict des prescriptions de la LAT24. dans la mesure du possible, la volonté des propriétaires était de maintenir les éléments anciens et de combiner astucieusement ceux-ci avec des interventions contemporaines ponctuelles. ainsi, le fourneau à banc trône toujours dans la pièce à vivre, les boiseries ont été ou sablées ou peintes en blanc. à côté de ces éléments, des plafonds lissées ou une menuiserie épurée prennent place. au sol, on trouve soit une chape de ciment brute juste poncée et traitée dans les espaces communs, soit des planches de sapin blanchies dans les pièces privatives. des peintures dites « naturelles » ornent les murs. le choix du mode d’exécution de ces transformations a aussi été déterminé essentiellement de manière à permettre aux propriétaires de réaliser par eux-mêmes un maximum de travaux.

au milieu des prés, les hivers peuvent être rudes. le vent qui balaie abondamment les franches-montagnes se fait particulièrement sentir ici à chaque saison. 

pourtant, un peu à l’écart de tout mais pas loin quand même, on s’y sent bien. à l’image des grands arbres qui bordent la parcelle à l’ouest et qui forment une cathédrale naturelle rafraîchissante lors des beaux jours d’été, la maison en a vu passer, des saisons. des gens aussi. témoin du passé, cette bâtisse ne manquera pas de faire rêver les futurs propriétaires qui l’occuperont encore et encore. pour l’instant, les travaux entrepris en 2014 touchent à leur fin… enfin… « avec une vieille ferme, c’est comme avec une jeune femme, il y a toujours quelque chose à faire ! » (proverbe d’un paysan philosophe du coin)

Conception :  1844
Réalisation :  2014
   

 

Plan :