rénovation d’une maison du début du XXème siècle à moutier

descriptif extrait du rapport des travaux établi par  alain fretz, Conservateur-restaurateur diplômé HFG

remarquable villa de deux étages, érigée au début du 20e siècle mêlant divers styles historicisants allant du moyen-âge à l’art nouveau en passant par la renaissance. l’accès principal aux volumes intérieurs est réalisé en façade sud par le biais d’un vestibule d’entrée qui comporte un arc en plein cintre monumental ouvert en direction de l’ouest, une paroi de séparation vitrée en bois mouluré vers le nord ainsi qu’une porte de facture récente donnant accès aux trois chambres situées au rez-de-chaussée est. le sol du vestibule est recouvert d’un carrelage en céramique, les murs et plafonds sont revêtus d’une tapisserie ingrain peinte à la dispersion, éléments mis en place lors d’une intervention contemporaine.

passé la porte nord du vestibule on accède au sous-sol, aux locaux annexes (cave, buanderie et technique) et aux étages supérieurs par le biais d’une magnifique cage d’escalier dont le rez-de-chaussée est revêtu d’un sol en carreau de ciment avec frise décorative qui semble original. l’escalier tournant en chêne teinté et laqué s’élève jusqu’aux combles dans une tourelle située en façade ouest qui se trouve partiellement occultée par le bâtiment voisin. à l’exception des éléments de boiseries, les parois de la cage d’escalier, des paliers et des couloirs de distribution sont revêtues d’un enduit synthétique mis en place lors de la dernière intervention en date. le palier du premier étage qui dessert l’appartement de l’étage « noble » donne accès à une bibliothèque comportant une véranda vitrée au sud-ouest, au grand salon à l’angle duquel se trouve l’oriel de façade situé au sud-est ainsi qu’à une chambre avec salle d’eau au nord-ouest. il se prolonge vers la cuisine localisée au nord-est par le biais d’un couloir de distribution aligné dans l’axe est-ouest qui conduit à un cabinet de toilette à son extrémité est. l’escalier tournant mène ensuite aux combles aménagés qui abritent des chambres initialement destinées au logement du personnel de maison. 

au niveau des détails d’exécution, les volumes intérieurs recèlent des particularités techniques inattendues, notamment au niveau du fenestrage dont la double-fenêtre d’hiver amovible vient se placer à l’intérieur des pièces. les volumes foisonnent également de détails architecturaux et matériels mêlant différents styles. on note ainsi la présence de revêtements de sols minéraux d’aspect différencié au niveau des lieux de passage et des couloirs de distribution ainsi que des parquets massifs présentant différentes poses et essences de bois au niveau des pièces à vivre. les chambres présentent des éléments de boiseries comportant portes, fenêtres, socles et lambrissages en bois résineux richement moulurés. les ferrements des portes et fenêtres en laiton massif, maintenus initialement sans couche de finition sont tantôt d’inspiration médiévale tantôt de style art nouveau. 

 

historique et interventions antérieures

les surfaces des volumes intérieurs qui conservent un grand nombre d’éléments originaux semblent avoir subi une première intervention de réfection à une date indéterminée, à l’occasion de laquelle le cadre et la porte vitrée d’accès à l’oriel sud- est ont été mis en place afin de réduire les pertes calorifiques dans le grand salon du 1er étage. la seconde intervention de grande ampleur est survenue à la fin des années 1960. lors de cette intervention, les sols minéraux du vestibule d’entrée, du couloir de distribution du 1er étage ainsi que de la cuisine ont été remplacés par un revêtement en carrelage céramique (posé vraisemblablement sur les sols originaux restés en place). cette intervention s’est accompagnée d’une réfection partielle des murs et plafonds des volumes intérieurs dont les revêtements originaux (lissage au plâtre polychromé ou tapisserie) ont été systématiquement éliminés et remplacés par une tapisserie structurée de type ingrain. les boiseries du vestibule, de la cage d’escalier et des pièces à vivre, soumises à une forte usure mécanique et repeintes à plusieurs reprises ont été surpeintes une nouvelle fois, à l’exception toutefois des boiseries du « grand salon » situé au 1er étage sud-est. lors d’une intervention plus récente, survenue vraisemblablement dans les années 1990, la cuisine a fait l’objet d’un nouvel agencement en conservant un certain nombre de meubles encastrés existants et le revêtement des parois de la cage d’escalier tout comme celles du couloir de distribution du 1er étage a été renouvelé au moyen d’un ribage synthétique en éliminant toutes les couches antérieures. lors de cette intervention, les murs et plafonds des pièces à vivre ont été surpeints dans les teintes actuelles au moyen de dispersion. les boiseries du vestibule, de la cage d’escalier et des pièces à vivre, soumises à une forte usure mécanique ont été surpeintes dans les teintes actuelles. à cette occasion, l’escalier tournant en bois a été laqué et ses marches vitrifiées. la peinture des boiseries intérieures de la véranda sud attenante à la bibliothèque ainsi que le décor présent au niveau de son plafond ont vraisemblablement été exécutés à ce moment-là. 

les examens stratigraphiques réalisés au niveau des parois des volumes intérieurs ne révèlent pratiquement aucun résidu des polychromies originales en raison des interventions successives qui ont conduit à l’élimination systématique des couches existantes afin de permettre la mise en œuvre des nouvelles couches de finition. ponctuellement, les sondages réalisés au niveau des parois ont cependant permis d’établir l’existence d’un concept couleur délibéré présentant une dominante verte sans toutefois permettre une définition précise de teintes originales normées ou reproductibles pour tous les éléments concernés. au niveau des plafonds et en l’absence de résidus colorés, on peut supposer que la phase initiale devait privilégier des teintes claires visant à contrebalancer l’effet des boiseries relativement massives présentes au niveau de certains volumes. les informations les plus concluantes sont fournies par les éléments de boiseries qui présentent des résidus de toutes les interventions successives et permettent de restituer l’esprit du concept couleur initial qui semble s’appuyer sur un traitement bicolore des éléments de boiseries et s’accompagne d’une teinte plus claire pour les couches de finition des parois, chaque pièce étant polychromée dans une couleur donnée. lors de la première phase de réfection des boiseries, la couleur donnée pour chaque volume est conservée mais dans une tonalité différente et les boiseries sont traitées de manière uniforme (pas de traitement bicolore). 

en ce qui concerne le grand salon situé au premier étage, les riches boiseries d’inspiration médiévale en bois résineux ont été teintées et laquées ou huilées dès l’origine, puis reprises lors d’une des interventions postérieures en repeignant également les ferrements maintenus sans polychromie lors de la phase initiale. si des doutes subsistent quant aux revêtements de murs originaux de la majorité des pièces à vivre, un sondage réalisé au niveau des murs surplombant la boiserie a révélé la présence de résidus d’un papier peint historique (éventuellement un papier gaufré en relief). 

pour les raisons évoquées ci-dessus, seules les phases originales, qui semblent être le résultat d’un concept couleur délibéré, ont été prises en compte au niveau du relevé stratigraphique joint. 

 

état de conservation 

les revêtements de sols minéraux mis en place lors d’interventions récentes sont esthétiquement peu satisfaisants. les tapis tendus présents localement au niveau des combles aménagés et des chambres de bonnes présentent une usure importante ainsi qu’un aspect esthétique peu satisfaisant. 

les parquets présentent des traces d’usure localement importantes et une couche de vitrification partiellement dégradée. 

l’escalier desservant les étages est parfaitement conservé. 

dans leur grande majorité, les boiseries se trouvent dans un état de conservation satisfaisant, à l’exception des habituels dégâts mécaniques principalement localisés au niveau des socles et des voies de passage. les couches de polychromie successives présentent localement des défauts d’adhésion importants imputables au travail du bois et à la tension de surface provoquée par l’accumulation de couches. les boiseries du grand salon présentent un aspect peu homogène et assombrissent fortement le volume concerné. les couches de finition présentes au niveau de la grande majorité des ferrements, sélectionnés soigneusement par le maître d’ouvrage lors de la construction et de l’aménagement des volumes, empêchent la mise en valeur souhaitée initialement. 

les surfaces de murs recouvertes d’enduit synthétique ribé se trouvent dans un état de conservation satisfaisant, mais sont esthétiquement peu convaincantes et s’harmonisent mal avec l’architecture en place. 

les surfaces de murs et de plafonds revêtues de tapisserie ingrain présentent localement des plis, des fissures statiques et de nombreux soulèvements. 

la majorité des radiateurs historiques en fonte sont encore en place au niveau des volumes examinés. 

 

recommandations 

des sondages complémentaires devront être réalisés au niveau des revêtements de sols minéraux et des tapis mis en place lors des interventions récentes afin d’établir la présence éventuelle de couches de revêtements originales plus en harmonie avec les éléments architecturaux en place. le cas échéant une dépose des éléments « modernes » et une mise en valeur des éléments originaux devrait être envisagée. 

les parquets feront l’objet d’une réfection avec remplacement des éléments manquants ou défectueux, ponçage des surfaces et traitement de surface au moyen d’huile incolore. 

le bel escalier tournant desservant les étages peut être maintenu en l’état. 

les boiseries localement dégradées feront l’objet des réparations nécessaires. elles seront ensuite poncées, lessivées et mastiquées puis surpeintes selon le concept couleur défini au moyen de peinture à l’huile. il devra être tenu compte de la présence localement avérée de couches de finition synthétiques (acrylique) lors du choix des matériaux servant de couches d’apprêt. idéalement, les boiseries du grand salon devraient être décapées, poncées puis traitées de façon soignée au moyen d’un glacis à l’huile teinté selon le relevé original. en alternative on pourrait envisager un ponçage, un lessivage et un surpeint de ces éléments au moyen de peinture à l’huile selon un concept couleur global restant à définir. il serait souhaitable de procéder au décapage des ferrements originaux afin de rétablir leur aspect initial et permettre leur mise en valeur. 

les surfaces de murs revêtues d’un enduit ribé synthétique pourraient être lissées au moyen d’un enduit à base de plâtre puis surpeintes selon le concept couleur défini au moyen d’une peinture intérieure mate sans composants synthétiques. idéalement, les lés de tapisserie moderne présents au niveau des murs et des plafonds devraient être éliminés, les surfaces concernées rhabillées puis surpeintes selon le concept couleur défini au moyen d’une peinture intérieure mate sans composants synthétiques. 

les radiateurs historiques en fonte seront poncés, lessivés puis surpeints selon le concept couleur défini. 

 

travaux réalisés 

les revêtements de sols minéraux originaux des zones de circulation (vestibule, cage d’escalier, paliers et couloirs de distribution) recouverts antérieurement au moyen de couches de revêtements contemporaines ont été mis à jour et conservés en l’état. la mise à jour du sol original du vestibule d’entrée n’ayant pu être réalisée sans dégradation importante de ce dernier, il a été maintenu en place et recouvert au moyen d’un revêtement de carreaux en ciment contemporains d’inspiration historique s’harmonisant au concept couleur défini. 

les planchers des chambres du 2e étage (combles) ainsi que les parquets historiques des pièces à vivre ont été restaurés et huilés. 

l’escalier en chêne a été maintenu en l’état. 

les portes et fenêtres, ainsi que les éléments de boiseries historiques encore en place ont été complétés, mastiqués, poncés puis surpeints à l’huile2 selon le concept couleur défini. les boiseries du grand salon du 1e étage ainsi que celles de l’oriel sud-est ont été conservées en l’état, la texture du bois risquant d’être trop fortement impactée par la mise en place d’une couche supplémentaire. en raison des surcoûts liés à la dépose et au décapage des ferrements décoratifs des portes et fenêtres, il a été renoncé à l’exécution de ces travaux. les éléments conservés sans couche de finition ont été maintenus en l’état, ceux surpeints antérieurement ont été harmonisés à la teinte environnante. 

les surfaces de parois de la cage d’escalier et celle du couloir de distribution du 1er étage, revêtues d’un enduit synthétique ribé ont été lissées au moyen d’un enduit minéral puis surpeintes à l’aide d’une peinture minérale selon le concept couleur défini. les surfaces de murs des zones de circulation et des chambres majoritairement recouvertes de tapisserie de type ingrain ont été mises à jour, lissées au moyen d’un enduit minéral puis surpeintes à l’aide d’une peinture minérale selon le concept couleur défini. les surfaces de mur de l’arche encadrant l’accès à l’oriel sud-est ont été mises à jour, révélant la suite du décor peint de l’oriel. ces éléments décoratifs ont été conservés et restaurés. les surfaces de mur surplombant le lambrissage de socle du grand salon du 1er étage ont été mises à jour, lissées au moyen d’un enduit minéral puis recouvertes d’un papier peint contemporain s’inspirant d’un modèle historique s’harmonisant avec le concept couleur défini. 

les plafonds des zones de circulation et des chambres majoritairement recouverts de tapisserie de type ingrain ont été mis à jour, rhabillés localement puis recouverts d’un voile en fibre de verre avant d’être surpeints à l’aide d’une peinture minérale selon le concept couleur défini. les décors originaux mis à jour au niveau des plafonds de la bibliothèque et de la chambre nord-ouest du 1er étage ont été conservés et restaurés. 

les radiateurs anciens en fonte ont été poncés, lessivés puis surpeints au moyen d’une peinture synthétique micacée de couleur anthracite. un poêle à bois provenant du dépôt des monuments historiques a été mis en place à proximité de la porte d’accès nord- ouest du grand salon et raccordé à un conduit d’évacuation préexistant à cet emplacement. 

l’étage des combles a été isolé au niveau de la toiture et les chambres réhabilitées par le biais d’une intervention contemporaine. 

 

le chauffage à mazout a été remplacé par un chauffage à pellet. avec l’isolation des combles, il a été possible d’augmenter la valeur énergétique de cette villa de maître, de diminuer les consommations d’énergie et de rendre cette immense bâtisse un peu plus conforme aux nécessités actuelles en regard de la protection du climat et d’économies d’énergies, sans pour autant en détériorer l’enveloppe extérieure et les façades.

 

les façades ont été restaurées, avec la réfection des peintures, rénovation de partis boisées et réfection des fresques sous les avant-toits, travaux de contrôle et réparations sur la couverture et la ferblanterie ainsi que changement d’éléments de la charpente détériorés dans les avant-toits. la pierre naturelle a été nettoyée.

 

Construction : 1904 (construction)
Conception : 2021 (rénovation)
Réalisation : 2022 (rénovation)
   

Plan :